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Recto Verso

 

Il y a le corps. N’en apparaît souvent que l’enveloppe. Il y a le corps et son enveloppe. Il y a le corps et lorsque nous ouvrons son enveloppe, nous glissons dans le décor. Si la beauté s’en mêle, alors son dedans peut donner à l’anatomiste l’impression que rien n’y manque. Regardez « la leçon d’anatomie » de Rembrandt, et vous en verrez les acteurs éberlués. Il faut cependant se rappeler qu’à l’époque le corps humain est encore cet « abominable vêtement de l’âme » souillé par le péché originel, sollicité par toutes les tentations et à discipliner par toutes sortes de mortifications.


La mécanique quasi parfaite qu’il content, parce qu’au fond manquante de rien, peut apparaître tout à coup grouillante. L’enveloppe ouverte laisse entrevoir un corps textuel, un alphabet semblant être celui d’une autre langue. Il se peut qu’on fasse l’épreuve de la nausée lorsqu’on ouvre le corps. Ce qu’on trouvait tellement beau laisse percevoir un envers, un trou sans fond, un point qui donne le vertige et entraîne dans le tourbillon de pensées. Celles qui dépassent notre imagination ordinaire. Celles que nous n’oserions confier même au plus prochain. Ne resterait-il plus, ce vertige, qu’à tenter de le dessiner pour redonner des frontières à ce qui ne nous contient plus ? Mais alors elles ne seront plus jamais qu’un pointillé. Le stylet pourra de ce fait se glisser dans ses intervalles pour donner l’accès à un espace où régnera la confusion du dedans et du dehors ; du bien et du mal, du spectateur et de l’auteur.


Il y a certes un appel au geste et de ce fait une convocation. Est attendu le plus souvent d’un tiers un témoignage. Il faut bien en effet, après l’épreuve, retrouver ses marques sans pouvoir pour autant jamais plus retrouver sa place.


Christian Oddoux
Recto Verso
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