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Les morceaux du blanc

 

« Le peintre n’a pas à remplir une surface blanche, il aurait plutôt à vider, désencombrer, nettoyer. »

Gilles Deleuze
En sculpture, travailler à l’enlevé, c’est dégager petit à petit la raison de certaines probabilités de départ, pour se rapprocher de ce qu’il y a, au fond d’une masse, de plus improbable. Il ne s’agit pas ici de l’angoisse de la feuille blanche. Au moment de ce qu’on pourrait pourquoi pas appeler « point de départ », il y aurait plutôt encombrement d’une mémoire qui n’attend que débordement. Il s’agirait pour porter un premier coup de s’aveugler sur un point obscur. Pas d’une zone sombre ; pas ce noir d’une écriture sur un fond blanc. Il s’agit plutôt de la force hypnotisante du « mot blanc ». Je ne sais si cette expression que je reprends à la « logique du sens » de Gilles Deleuze lui conviendrait.

Partir du blanc pour rejoindre le blanc. Il s’agit peut être là de ce qu’on appelle « cercle vicieux de la logique ». Il s’agit justement de ne pas tourner en rond mais de se laisser déborder pour rejoindre un point central d’où le regard, depuis déjà suffisamment de temps dépassé par le geste, donne tout à coup l’impression de surgir de partout. Une sorte d’arrêt sur image s’impose car vient alors la nécessité de se recomposer.
Les morceaux du blanc
Les morceaux du blanc
La composition, puisqu’il y a dans cette sculpture comme un triptyque, a voulu adjoindre le rythme et la résonance de lignes appartenant à des objets désunis, au repos propre à l’ « unisson » de la ligne horizontale. Cette dernière n’apparaît pas moins brisée par le vide des intervalles. Cela parviendrait-il à évoquer les scansions, les perplexités d’un trajet, d’une époque ? Celle qu’on n’aurait pas encore quittée.

Il ne reste jamais plus à l’auteur, après l’épreuve, que le silence qui précédait mais aussi emplissait ses mouvements lorsque entre le sculpteur qui l’habite et son propos il creusait sans arrêt partagé entre l’union et la désunion. En ça il y a toujours à composer avec des « lignes de force » là où elles s’entremêlent pour faire une résille dont les mailles laissent percevoir au loin les points d’une ultime illusion : le noir s’y confond avec le blanc.

Christian Oddoux