Bois, branches, billes. Tronc. Tous ces états de l’arbre. Le tout de l’arbre cosmique. Cette figure du bois paternel. Hêtre, chêne, noyer, cerisier… Le corps martial et capital de l’arbre. Sa royauté. La sculpture de Christian Oddoux se saisit du totem terrassé. Elle affronte la dépouille du Dieu, son déchet craché. Souche à l’abandon et racine jetée. Moignon que la vermine fouit.
Ainsi le sculpteur recueille les morceaux du roi mort. Il le dévêt de son armure d’écorce ou de ce qu’il en reste. Il l’extirpe de ses lambeaux de cuirasse. Car il y a quelque chose de souverain, de romain, dans certains bustes ou torses de Christian Oddoux. Poitrails de capitaines ou de prophètes. Surfaces bombées, altières, généreusement offertes aux flèches, aux lances, à la fulguration de fer. Pourfendre la cible sacrée à la hauteur de son défi.
Patrick Grainville