
Dans le bois, c’est entre les veines glisser la gouge jusqu’au plus près des organes. Sans arrêt en retrait, discret, respectueux, comme l’écrivain, le sculpteur se retient à la fibre du dernier interligne : expérience ligneuse de l’intouchable.
Dans le bois, parce qu’ainsi très près d’un matériau des plus charnels : encore de la médecine, du pharmakon, de la chirurgie. Entre autoscopie et endoscopie, une voix qui appelle. Elle injoncte d'aller sans arrêt à la ligne. Sculpter jusqu’au… presque plus rien, ou encore un peu, …mais surtout pas trop. Il n’y a pas de gommage possible. Dans chaque copeau un bout de corps s’échappe.
Dans le bois parce que le trajet s’y termine à chaque fois sur un «chemin qui ne mène nulle part». La sculpture rejoint alors son point d’invisible. Sculpter pour rejoindre de l’indéterminé. En attendre un témoignage, certes parce qu’il s’y agit de se perdre entre plusieurs volumes. Sculpter pour errer dans un «monde» étranger, sans que ce soit pour autant tout à fait un «ailleurs».
Christian Oddoux